BAIKAL
ICE MARATHON Clean Water Preservation Run

Ice Baïkal Marathon-2016

Ice Baïkal Marathon

Rédigé par Pb -   - 1 commentaire

Notre ami Jean-Louis HUBERSCHWILLER a participé à un des dix marathons les plus difficiles au monde. Il en est revenu avec des souvenirs uniques. Témoignage.

Source: CMC INFOS EXPRESS

Le Marathon du Lac Baïkal a été pour moi le réalisation d'un rêve.

D'abord, la Sibérie en hiver c'est faire connaissance avec le froid. Non, pas le froid du Haut Jura qui vous pique le bout du nez et les oreilles, mais le Grand Froid, celui de la bise, qui vous traverse corps et âme, celui qui vous glace le sang et la moelle, qui vous oblige à lutter sans répit.

Cette année les conditions ont été dures comme jamais dans les 11 éditions précédentes. Il y aura 140 finisher (132 hommes et 8 femmes), 1 coureur sous les 4 h et 15 seulement sous les 5 heures (!).

Le Lac Baïkal est le lac de tous les superlatifs, la plus grande réserve d'eau douce du monde, 600 km de long et 40 à 80 km de large, 1400 m de profondeur, 260 fois le volume d'eau du lac Léman. A partir du mois de janvier, le lac se fige et se transforme en banquise. La transformation du paysage est alors totale.

La course

Tanchoï, Bouriatie, sud du Lac Baïkal et départ de la course, dimanche 6 mars 10 h du matin (3h du matin à Colmar) : en raison des conditions dantesques, l'organisateur a retardé le départ de la course. Il a neigé toute la nuit, et surtout le refroidissement et le vent ont provoqué l'apparition d'une brèche dans la glace à 1 km du départ. Des hydroglisseurs vont être placés côte à côte pour franchir la voie d'eau en passant par le pont des bateaux. A 11h 30, le départ est enfin donné. Selon la tradition chamaniste bouriate, nous offrons un peu de lait aux Dieux du Baïkal pour qu'ils nous soient favorables. Pourtant ils seront impitoyables... La belle trace de la veille est totalement effacée et recouverte de congères, il va falloir patauger pendant 42 km dans la neige profonde par une température de - 20°. La bise souffle de face sans discontinuer à plus de 50 km/h, ce qui donne un ressenti de froid au niveau du visage à - 35°. Le peloton est vite dispersé, la méditation commence... Je pense au bania (sauna russe) qui m'attend pour demain...

14h 30, je suis passé au semi-marathon, au milieu du lac, il n'y a plus aucun repère et on se croirait au Pôle Nord ! 50 cm de glace et en dessous 1400 m d'eau... Malgré mes lunettes, ma vue est trouble et va le rester et me handicaper jusqu'au bout. Le thé distribué tous les 7 km est d'un grand réconfort. Dans cette neige et contre le vent, je n'arrive pas à avancer à plus de 7 km/h, l'arrivée est encore loin...

16h 30, je commence à voir les montagnes qui dominent l'arrivée à Listvianka, tout cela semble si loin. J'ai appris que plusieurs coureurs ont été mis hors course pour gelures au km 32. Mon nez est gelé et un glaçon pend au bout. Pour passer le dernier ravito, au km 39 je mets la cagoule façon bourkha au cas où... et on me laisse passer... Il me reste 3 km. La dépense d'énergie a été colossale (1000 calories à l'heure) et l'hypothermie me gagne mais je puise dans mes forces mentales dans l'ambiance surréaliste du soleil couchant pour terminer en 7h et 2 minutes le marathon le plus long de ma vie !

Je vous rassure mes yeux et mon nez ont dégelé sans séquelles.

Jean-Louis Huberschwiller

 

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